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Lettre d’Ethiopie numéro 41
jeudi 13 mars 2008, par
C’est la rentrée des classes, les vacances sont terminées. Franck et Raphaël sont bien arrivés en France. Nous pensons qu’ils reviendront pour une nouvelle visite…
La voiture a été déposée au garage vers le 20 février. Les symptômes étaient : difficulté pour démarrer, fumée noire, consommation d’eau... Nous avons dû patienter 3 semaines avant de retrouver l’engin. Cela implique une dépendance forte pour le moindre transport. Mine de rien, c’est très désagréable une fois que l’on est habitué à posséder son engin et qu’il est disponible 7j/7 et 24h/24.
Le moteur a été entièrement démonté. Quand nous disons “entièrement”, c’est à comprendre au sens premier. Sous le capot, un grand vide. Les pistons sont d’un côté, la culasse de l’autre. Le radiateur et le bloc-moteur passent au banc d’essai. Et là, la panne est trouvée. Nous avons un cylindre endommagé. Il n’est plus étanche, d’où la perte d’eau et de compression. Quoi de pire sur une voiture que d’avoir le cœur du moteur touché ?
Première solution envisagée : la soudure. C’est risqué et surtout cela ne garantit en rien un fonctionnement pérenne. Deuxième option : changer le bloc-moteur pour un neuf. C’est possible, c’est cher et cela implique 90 jours d’attente pour la pièce qui doit arriver d’Asie ou du Moyen-Orient. Une autre piste est suivie : le changement de moteur. Mais, vu le tarif (15 000 euros) nous avons presque une voiture neuve en détaxe ici ! Racheter une voiture n’est pas envisagée, nous devons attendre encore 2 ans pour de nouveau acheter en détaxe une voiture. Quant au neuf, sans détaxe, c’est hors de prix : 200% de taxes ! Vous avez bien lu. Mis à part la perte dans une zone hostile, difficile de s’en débarrasser.
Et puis, coup de chance, notre garagiste trouve un bloc-moteur en bon état. Nous tentons l’opération qui reste raisonnable en termes de prix et surtout de délais. Aude a réussi un joli coup en négociant un an de garantie pièces et main d’œuvre, plus l’assurance du rachat de la voiture si les choses ne s’arrangeaient pas et le tout par écrit ! Nous sommes bien loin des assurances, assistances et autres prévoyances du monde européen.
Quand, samedi matin, le mécano est venu livrer la voiture, nous avons soufflé un “ouf” de soulagement. Un petit tour en ville semble montrer que tout va bien. La mécanique semble avoir supporté l’opération.
Pour finir, nous connaissons la véritable histoire de la voiture. Le précédent propriétaire a prêté l’auto à un collègue peu soigneux. La voiture nous avait déjà été promise. Ce collègue est entré, à vive allure vu le choc sur le pare-buffle, dans un chien. Cela a endommagé le radiateur et rompu une courroie. Les témoins de chauffe sont passés naturellement au rouge. Le conducteur n’en a pas tenu compte et a roulé sur une assez longue distance sans eau. C’est certain, ce n’est pas là la meilleure façon de rouler ! Même les bougies de préchauffage ont fondu. Voilà, comment nous en sommes arrivés là. Nous ne manquons pas de tenir informé le vendeur de nos tracas et nous espérons un dédommagement substantiel... Samedi soir, nous avons fêté la voiture au champagne avec du magret (Aude venait juste de mettre la main sur un arrivage).
Cette semaine, Léo a perdu sa deuxième dent de devant, en haut. Aude lui annonce que la petite souris va passer. Il doit alors soigneusement poser sa dent dans une boite spéciale pour faciliter le passage du rongeur. Léo s’interroge. Il demande à Aude si elle ne trouve pas étrange qu’une petite souris se promène dans la maison, attende qu’une dent tombe et arrive à porter un cadeau qui corresponde exactement à son goût ! Aude comprend que Léo a bien grandi et que le temps de ces histoires est révolu. Mais ce n’est pas tout. Léo poursuit. Il s’interroge sur le lapin de Pâques qui pond et peint des œufs. L’histoire lui semble bien grossière. Quant au père Noël qui descend par la cheminée sans se salir, il n’y croit plus guère. Une chose l’étonne quand même. Comment, les parents arrivent à stocker autant de surprises alors qu’il ne voit rien ! Il n’y a pas à dire, notre enfant grandit. Il est très fier d’être dépositaire de ces secrets qu’il ne doit révéler ni à Inès, ni à ses copains…
La semaine de travail d’Hervé a été dense. Son « chef » a dû rentrer précipitamment en France. Mine de rien, assurer l’intérim et se trouver à la tête d’une communauté de 2000 personnes, cela stresse un petit peu quand même. La semaine prochaine, les choses vont rentrer dans l’ordre.
Aude est déçue. Elle n’est pas retenue pour le job de correctrice. Priorité a été donnée à une autre personne, connue dans le réseau et sans compétence particulière dans le domaine. Cette personne est “noire”, Aude “blanche”. Elle vient d’être victime de discrimination à l’embauche. Cela fait mal au moral, mais ce n’est pas bien grave pour notre quotidien. Mais quand même !
Petite anecdote qui est arrivée à un collègue. Elle illustre parfaitement ce que vivre en Ethiopie signifie. Un soir, dans un bar, un ivrogne refuse de quitter le lieu. Ce dernier est mis à la porte. De rage, il prend une pierre et la jette. Le collègue la reçoit en plein sur la tête. Jusque-là, rien de neuf ni d’exotique. À cela, le collègue se plaint de vertiges, de maux de tête. L’ORL, spécialiste, détecte une lésion à l’oreille interne. Il le soigne. Le mal ne passe pas et c’est le rapatriement sanitaire. Arrivé en France, son médecin lui demande s’il prend le bateau et s’il y a la mer en Ethiopie. Incompréhension face aux questions. Et puis, le médecin explique que le traitement donné à Addis est pour lutter contre le mal de mer ! Il a pu recevoir le bon traitement qui de toute façon est introuvable ici. Nous espérons garder la santé.
A SUIVRE