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Lettre d’Ethiopie N 64

Vacances de février 2009 avec des belles rencontres animalières.

mardi 3 mars 2009, par Webmestre

Les vacances approchent ! Vendredi 13 février, nous accueillons Laetitia et Laurent. Ils arrivent à 3h30 du matin à Addis-Abeba. La première journée est placée sous le signe du repos. Nous déjeunons dans un restaurant traditionnel éthiopien. Notre choix se porte sur des tibs (petits morceaux de viande grillés avec de l’oignon, des épices et du beurre rance) et du tilapia (poisson très fréquent en Éthiopie). Ce dernier est servi vidé et entier. Nos doigts nous servent de couverts. Il est grillé à point, c’est un véritable régal.

Le samedi 14 ouvre le bal des visites. Nous mettons le cap sur Debré Libanos, sur la route de Gondar. L’objectif est de trouver des babouins gelada. Non seulement les primates sont au rendez-vous, mais nous en profitons pour assister à un beau ballet de rapaces (aigles, vautours, gypaètes…). Nous déjeunons dans un gîte mis en place par des Allemands. L’endroit est plaisant et permet de faire un saut à la découverte du fameux pont portugais. C’est une chouette balade, aux portes de la capitale.

Le dimanche nous faisons dans le religieux. Nous débutons par une église perchée sur les hauteurs d’Addis-Abeba. Elle se nomme WASHA MICKAEL et daterait du premier millénaire. Elle est en ruine, mais constitue un monument remarquable. Le seul « hic » est de la trouver ! Rien n’indique sa présence. C’est seulement grâce à une précédente visite avec le chauffeur et un relevé de points GPS que nous atteignons notre but. La visite se termine par un court passage à travers bois pour finir sur un magnifique belvédère qui s’ouvre sur Addis-Abeba.
Nous reprenons la route pour la visite de l’église d’Adadi-Mariam et du site préhistorique de Melka Kuture. Rien de particulier à signaler si ce n’est que la visite de l’église s’est effectuée au milieu des croyants en pleine cérémonie. C’est impressionnant.

Lundi matin, départ de Laurent et Laetitia à 6h30. Ils mettent le cap sur les monts du Balé.
De notre côté, nous vivons sereinement la dernière semaine avant les vacances. Elle se conclut par le carnaval de l’école : Inès est en poisson, Léo en félin.

Le vendredi soir, nous retrouvons nos visiteurs. Les objectifs ont été atteints ! Ils ont vu le loup d’Abyssinie, le serval, de nombreux oiseaux et antilopes. Leur voyage a été un peu « rustique » et l’inconfort de la route associé à l’altitude (entre 3 000 et 4 000 mètres) le rend parfois fatigant. De notre côté, nous attendrons l’année prochaine pour monter une expédition dans cette zone unique, une fois que la route sera bien avancée.

Le samedi 21 est consacré à une balade tranquille à travers la forêt de Menagesha (cf. lettre 56).

Dimanche 22, les affaires sérieuses débutent. Nous prenons la route à 6h15 pour le parc d’Awash. Avec 6 passagers, les bagages, les 2 roues de secours, les bidons supplémentaires de gasoil, la voiture est bien chargée !

Nous arrivons aux portes du parc avant 9h30. Aude négocie bien notre entrée dans la zone et nous échappons à l’embarquement d’un scout (d’ailleurs, on aurait été bien serré avec une 7e personne dans la voiture). Au gré de la visite nous croisons des oryx, koudous, élanions, aigles, vautours, alouettes, pintades, francolins, outardes, gazelles, babouins, vervets, etc. En prenant un peu de temps et en ouvrant les yeux, les observations sont plaisantes et assez riches. Notre pause déjeunée est prise, traditionnellement, sur l’aire de camping. Les crocodiles sont au rendez-vous. Les récentes pluies ont grossi la rivière et le niveau est à présent plus haut. Les crocodiles sont plus discrets et peuvent accéder plus facilement aux berges. La quête du saurien sur les rives de l’Awash n’en est que plus délicieusement frissonnante. Quelques singes nous observent en espérant (à juste titre) récupérer les miettes de notre repas.

Nous mettons à profit les heures les plus chaudes (il fait entre 35 et 40°) pour reprendre la route en direction de notre étape du soir.
À peine engagés sur la piste, nous sommes accueillis par de nombreux diq-diq, phacochères, écureuils et pintades. Nous faisons un petit tour dans les environs du lodge au milieu des bestioles. Un Afar, complètement « katé » nous conduit dans une zone pleine de phacochères. À quelques centaines de mètres des chambres, un groupe d’une cinquantaine de têtes fouine le sol en quête de racines.

Depuis qu’Hervé a appris qu’une vaste plaine regorgeait d’animaux sauvages, il n’a de cesse de collecter des informations pour s’y rendre. Lors de notre dernier passage, nous avions essuyé un refus. Nouvelle tentative. Hervé s’adresse au patron et demande un guide pour aller dans cette fameuse zone. Et là, miracle, c’est oui ! Un guide nous attendra le lundi matin à 6h devant la voiture. Cette nouvelle nous remplit tous d’excitation et nous partons nous coucher avec l’espoir de voir de vrais zèbres sauvages. L’électricité n’étant disponible que de 18 à 22h, les discussions de fin de journée sont vite écourtées.

Tout le monde est debout à 5h45 et chacun est à l’heure devant la voiture à 6h. A 6h03, notre guide arrive. Première question : comment fait-il pour être si ponctuel ? Mystère…

C’est un petit homme sec, d’un âge avancé. Il porte fièrement sa kalachnikov. Seul son polo le rapproche de l’homme occidental. Cet Afar ne parle pas un mot d’anglais ou d’une quelconque langue qui puisse permettre l’échange. Nous préférons lui laisser la place passager avant, Laurent passe dans le coffre avec Aude.

Il fait encore nuit, le ciel commence à peine à prendre des couleurs diurnes. Nous partons, le fusil d’assaut posé sur le plancher de la voiture, le canon en direction du conducteur. Hervé espère que l’arme n’est pas chargée, qu’aucune balle ne se trouve dans la chambre, car avec les secousses de la piste on peut craindre l’incident diplomatique.
Les premiers douze kilomètres sont connus. Ils conduisent du lodge à la route. Aux premières lueurs du jour, nous croisons quelques gazelles.

Nous nous engageons ensuite sur la route principale, direction le Nord. Au bout de quelques kilomètres, notre GPS Afar émet quelques onomatopées (principal mode de communication) pour ralentir et tourner à droite. « Tourner ? », mais pour aller où ? Il n’y pas de piste et il faut foncer à travers la végétation et les pierres. Très vite, Hervé comprend que le trip 4x4 hors piste ne sera pas drôle pour le conducteur. Malgré un terrain plat, dans une vaste plaine, il doit avancer en boîte courte en passant rarement en seconde. L’avancée se fait à la vitesse du pas, avec parfois Laurent qui ouvre la voie en ôtant les pierres les plus grosses. Le sol est meuble, les précédentes pluies ne doivent pas être très lointaines. Notre guide donne la direction avec quelques gestes aussi brusques qu’approximatifs. Il n’est pas évident de distinguer une indication de direction d’une simple protection du soleil avec sa main. Nous avons un doute sur la qualité de sa vue et Laetitia diagnostic une bonne cataracte. Pour le conducteur, ce n’est pas une partie de plaisir : la peur de casser le hante à chaque mètre parcouru. A l’arrière, les passagers sont à la fête : le spectacle est sublime. En toile de fond, nous avons une magnifique montagne, certainement un volcan. Très vite nous apercevons des autruches, des zèbres et de nombreuses espèces de gazelles. Nous avons même la surprise de voir un couple de serpentaires en pleine chasse. C’est impressionnant de se trouver en pleine savane, sauvage, loin de toute structure. Ici, pas de parc, mais une belle zone régit par les lois ancestrales tribales. Tout à coup, notre guide s’excite ! Aude pense qu’il a perdu sa puce fétiche ou quelque chose ainsi. Il dit « ébrrraaaa, ébrrrraaaa ! ». Il y avait un zèbre pas loin de nous. Après 7 kilomètres et 2 heures, nous retrouvons enfin une piste digne de ce nom. Hervé s’y engage avec bonheur et ne manque pas de relever le point GPS de la précieuse voie. Il se promet de revenir, mais en restant sur le chemin bien tracé. Venir dans un tel lieu, à une seule voiture, est quand même imprudent, car tout secours est difficile à organiser. Mais une chose est certaine, nous tenterons rapidement une nouvelle incursion dans cette plaine magique, avec l’espoir d’y croiser quelques félins ou chacals.

Sur le retour à l’hôtel nous croisons un camp afar, un magnifique troupeau de dromadaires et quelques mammifères locaux.

Notre guide observe ces troupeaux avec beaucoup d’attention et distille avec discernement ses salutations aux autochtones que nous croisons. La rivalité entre tribus n’est pas un mythe.

Une fois la douche prise, le petit déjeuner avalé, les bagages chargés, nous mettons le cap sur Awassa.
Nous avons 5 heures de route à faire. La seule difficulté consiste à éviter les animaux qui s’accaparent facilement la route, avec une mention spéciale pour les ânes. Ils ont le don de se planter au milieu de la chaussée, insenbibles aux nombreux avertissements sonores. La vigilance est de mise.

Par prudence, Hervé souhaite faire le plein de gazole. Malgré notre présence sur un parcours TRES fréquenté - nous sommes sur l’axe principal d’Éthiopie -, nous avons eu du mal. La première station service n’a plus de gazole, la deuxième n’accepte que des tickets. Hervé arrive à négocier une quarantaine de litres moyennant la présentation de jolis billets de banque neufs. Ce n’est qu’à la troisième station que le plein sera fait.

Nous arrivons en fin d’après-midi à destination. L’hôtel, ancien établissement d’État, n’est pas de première jeunesse. Nous sommes accueillis par une coupure de courant et le groupe électrogénérateur berce notre nuit de son grondement.
Nous décidons d’écourter le séjour sur cette ville et de mettre le cap vers Yrgalem, dans notre hôtel favori.

Nous ne quittons pas Awassa sans visiter le marché aux poissons. Nous avons de la chance, pour une fois nous arrivons suffisamment tôt pour assister au bal des transactions commerciales. C’est peu compréhensible, mais chacun semble connaître parfaitement son rôle. Nous passons un bon moment. Il est dommage que le lieu soit si sale, car il recèle un vrai potentiel pour flâner et profiter des berges du lac.

La suite du parcours est sans véritable surprise. Le problème avec les adresses de qualité est leur régularité dans le service ! Mais allons-nous vraiment nous en plaindre ? Avant d’arriver sur Aregash Lodge, nous traversons le village d’Yrgalem. Une petite foule barre la route. Nous avançons lentement. En approchant, nous comprenons les raisons de l’attroupement : deux hommes oeuvrent à la peinture des passages piétons, le restant des personnes constituant les spectateurs. Ici, pas de machine ni de gabarit pour le traçage ; l’homme est à genou sur le sol avec un tout petit pinceau et son pot de peinture. Le résultat n’est pas très droit, vous pouvez vous en douter !

C’est avec plaisir que nous prenons possession de nos chambres dans les vastes toukouls confortables. Nous partons en quête des oiseaux. Les loriots, barbicans et turacos sont au rendez-vous. Le soir venu, une hyène nous rend visite. Elle est proche, très proche.

Après l’excellent petit déjeuner, nous prenons la route pour Bishangari, notre super écolodge. Nous sommes 6 et nous avons droit au grand bungalow situé à l’extrémité de l’hôtel. Il est isolé, en pleine nature, c’est le bonheur !
Notre séjour nous permettra d’observer de très nombreuses espèces d’oiseaux, des phacochères, céphalophe couronné, mangouste, babouins et colobes. Nous avons même droit à la visite régulière d’hippopotames. Un groupe de 5 bêtes est dans le quartier. Leur cri grave et profond est impressionnant. Il porte à plusieurs centaines de mètres ! Aude, Laetitia et Laurent ont même pu observer 2 bébés.

Nos journées se passent au gré des promenades au bord du lac et en forêt, ponctuée de baignades dans l’eau marron.
Le problème est qu’un jour, il faut rentrer… C’est ce que nous faisons le samedi 28 février.

De retour à la maison, nous avons une magnifique surprise. Le réservoir d’eau est changé, les tuyaux sont nettoyés. Bref, nous avons de la pression aux robinets et sous la douche ! Que du bonheur… enfin presque. Le retour de la pression s’est accompagné d’une fuite d’eau dans un WC et la rupture du système d’arrêt de la chasse d’eau dans le second. Mais nous ne nous plaindrons pas, c’est tellement agréable de prendre une bonne douche avec de l’eau qui coule en abondance. Depuis un an et demi que nous vivons ici, c’est un plaisir que nous savourons comme il se doit.
Dans la nuit de dimanche à lundi, Laetitia et Laurent sont rentrés en France.
L’école et le travail reprendront le mercredi 4 mars.

Voilà d’excellentes vacances qui s’achèvent, vivement les prochaines pour de nouvelles aventures !

A SUIVRE !