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Lettre d’Ethiopie numéro 40

SPECIAL FRANCK RAPHAEL ET LES GROS CROCOS !

mardi 4 mars 2008, par Webmestre

Dernière semaine d’école avant l’arrivée de Franck et Raphaël. Mercredi, les enfants ont défilé pour le carnaval de l’école. Ce fut un joli moment plein de couleurs et de musique. De son côté, Hervé tenait seul la « boutique ». Les quatre journées qui ont précédé les vacances furent très denses…

Vendredi matin, 7 h 20 min, arrivée de la petite famille de France ! L’avion accuse un retard de 40 minutes, normal. Léo et Inès ont tenu à honorer de leur présence l’arrivée de leur cousin. Le moment des retrouvailles est intense !

L’équipe a pris son repas de midi au Daschen, restaurant traditionnel éthiopien. Personne n’a été malade, les vacances commencent bien.
Samedi matin, 10 h, départ pour le périple. Nous avons affrété un minibus pour voyager à l’aise avec les enfants. Nous mettons le cap sur le lac Langano pour la pause déjeuner. Le restaurant est dans un cadre sympa avec des oiseaux peu farouches qui n’hésitent pas à finir les assiettes de pâtes des enfants. Disons-le de suite, la nourriture de base des vacances est constituée de pâtes, de pâtes, de pâtes et pour changer... des macaronis. Le pauvre Raphaël a même osé commander un dessert… mal lui en a pris ! S’ils sont parfois mentionnés sur les cartes, ils arrivent rarement sur table. Et puis, ce n’est pas une mauvaise nouvelle ; le dessert n’est pas spécialité du pays.

Lors du petit tour digestif à la recherche d’oiseaux, les enfants ont joué à leur passe-temps favori des vacances : faire de la poussière en courant.
Nous reprenons la route en fin d’après-midi pour rejoindre notre hôtel à Shashemene. L’établissement est récent, donc propre et à peu près fonctionnel. Au moment du repas, le gag des verres est un vrai plaisir ! Nous étions 10 à table (nous 6 et un couple de copains avec leurs 2 enfants). Nous n’avons jamais eu le nombre de verres qui correspond à notre assemblée. Ce gag nous suivra à quelques exceptions près tout le long du parcours. Très drôle !

Nous avons battu le record le lendemain lors de notre étape de liaison vers Arba-Minch. Nous prenons notre pause déjeuner à Sodo. La salle de restaurant compte environ 40 places (sièges autour des tables). Nous sommes 18 en salle et tout d’un coup, le service se bloque pour les uns et s’accélère pour les autres. Des clients qui attendent quand d’autres sont très rapidement débarrassés. Nous souhaitons obtenir 2 assiettes de plus pour partager la commande du jour… et c’est là que nous découvrons que le restaurant ne dispose pas de suffisamment d’assiettes ! Passé les 18 couverts, il faut patienter qu’une assiette se libère. Mieux vaut arriver au début du service pour espérer manger rapidement. Au cas où nous devrions faire une halte dans cette ville, nous faisons un tour des WC et des chambres. Bon, on réservera l’établissement aux uniques cas d’extrême urgence. Et dire que nous sommes dans le meilleur établissement de la ville !

Après le déjeuner, nous reprenons la route. Il nous reste moins de 130 kilomètres avant la ville d’Arba-Minch où nous passerons 2 nuits. À votre avis, combien faut-il de temps pour faire cette distance, sur une route goudronnée, avec de longues lignes droites et très peu de trafic ? Notre vitesse oscille autour des 20 km/h tant les trous sont nombreux. On regrette vite de ne pas être sur une piste. Au moins, malgré la poussière, il est possible de tenir les 60 km/h. En haut d’une colline, on aperçoit une belle ligne droite. Le spectacle des quelques véhicules est saisissant. Là où on peut espérer de belles échappées, on observe les 4x4 et les camions avancer lentement, en zigzaguant entre les ornières. Sans connaître l’état de la route, on s’imagine devant un groupe de conducteurs complètement ivres au volant ! S’il y a bien une notion qui n’a pas de sens ici, c’est le nombre de kilomètres. Le temps est le seul facteur important à connaître, car tout trajet doit s’accomplir avant la tombée du jour.

Finalement, nous arrivons en fin d’après-midi à Arba-Minch, “la ville aux 40 sources”. Elle est à 1 200 mètres d’altitude. Cette baisse de niveau se traduit immédiatement par une hausse de la température. Il fait environ 30 ° dans les chambres, joliment décorées. Nous souhaitons après notre route prendre une bonne douche pour nous délasser. C’est la mauvaise idée du jour… l’eau et l’électricité sont coupées du matin 8 h au soir 18 h. Il faudra attendre pour le décrassage. Les enfants profitent immédiatement du lieu en jouant dans la poussière avec des bâtons. La vue depuis l’hôtel est superbe. Il est juché en haut d’une colline qui permet de surplomber deux lacs. Ces derniers sont la porte d’entrée d’un parc qui fera l’objet d’une visite lors d’un prochain tour. Pour le moment, nous nous contenterons d’une balade en bateau.

Lundi matin, nous partons visiter un village réputé pour ses toukouls - dont la forme rappelle la tête d’un éléphant - et ses tisserands. Les habitants ont organisé une zone « pédagogique » qui permet de mieux découvrir leur culture. Le début de la visite passe par l’habitat. La technique de construction est étonnante. Elle permet, en cas d’attaque de la base du logement par les termites, de soulever l’ensemble, couper la partie endommagée et de reposer la structure. C’est ainsi qu’un toukoul bien haut est jeune et qu’un petit modèle représente une ancienne habitation. Nous poursuivons la découverte par la fabrication de l’enset (farine issue de faux bananiers) puis par « l’espace commercial ». Léo est habillé par un habitant en guerrier. Il se prête de bonne grâce au jeu.

Nous dénichons des coiffes traditionnelles qui ressemblent à des crinières de fauve. Nous en achetons une par enfant. Aude démontre encore une fois ses talents de négociatrice. Elle est notre acheteuse officielle. Tout cela se termine dans un nuage d’enfants qui veulent tous vendre leur poterie.
L’après-midi, nous embarquons sur le lac à la recherche des crocodiles et des hippopotames. Le lieu est réputé pour le nombre et la taille impressionnante des spécimens. Heureusement que nous avons un chauffeur qui nous aide dans la découverte des différents lieux. En Europe, en pareil cas, vous iriez sur un port, en suivant les publicités. Vous achèteriez votre ticket pour vous installer dans un bateau de belle taille pour observer les animaux en toute sécurité. Le tour serait agrémenté de commentaires non-stop, etc. Ici, pour aller naviguer, il faut deviner que l’achat d’un billet d’entrée dans le parc est obligatoire, que le point de vente est au milieu d’une avenue sans repère particulier, que le port est un vague terrain au milieu des marécages… Bien sûr, rien de tout cela ne figure dans les guides ! Bon, notre chauffeur connaît son job et nous a tout débrouillé. Nous montons dans un bateau métallique à fond plat. Une bâche nous protège du soleil.

Une fois quittée la zone marécageuse, nous apercevons rapidement sur le bord du lac une dizaine d’hippopotames et deux crocos. Le pilote est prudent et nous garde à bonne distance des pachydermes. Notre croisière se poursuit tranquillement quand, en observant bien la surface de l’eau, nous constatons la présence de quelques baigneurs, discrets, à longue queue dentelée et aux petits yeux rieurs. Le lac est infesté de sauriens.

Leur nage est gracieuse et discrète. Nous ne sommes pas au bout des surprises. En longeant une petite île, nous apercevons sur une plage, une belle dizaine de crocodiles qui prennent le soleil. Le modèle est du genre géant, entre 6 et 8 mètres. Léo en voyant les animaux s’écrie « Mama Mia ! » tant leur taille l’impressionne. Très vite, nous réalisons qu’en cas de naufrage, la question de la nage vers les rives où l’attente d’un hypothétique secours nous conduit au même endroit : l’estomac d’un crocodile !

De retour sur la terre ferme, nous sommes emballés par le tour sur le lac qui ne manquera pas de faire partie des prochains programmes de visites.
Nous tentons ensuite une incursion rapide dans le parc à la recherche des zèbres. L’état de la piste ne nous a pas permis de progresser rapidement et nous devons nous contenter de babouins, d’un phacochère et de quelques diqdiq. Là aussi, ce n’est que partie remise. En avril, nous prendrons une journée pour explorer les 177 kilomètres de pistes que compte le parc. Mais vu l’état de la piste, nous louerons un 4x4 du genre « vieux et très rustique ».

Mardi, nous retournons sur nos pas et prenons cette fantastique route qui se parcourt à 20km/h en moyenne. En chemin, nous découvrons les champs de coton en fleur. Le restaurant aux 18 assiettes est fidèle à sa réputation. La sauce tomate à la viande commandée est servie directement dans de petites casseroles. Un client nous voyant quitter la table en fin de repas est même venu piquer une assiette pas trop souillée…

Notre étape du soir est à Wondo-Genet. Ce lieu vaut le détour pour sa végétation luxuriante, ses sources d’eau chaude et ses singes. En prévision de cette rencontre, nous achetons quelques bananes. Dès que nous sommes sortis de la voiture, les primates ont vite vu qu’une nourriture facile se présente à eux. Les enfants ont bien joué à les nourrir ! Les bestioles ne sont pas farouches et une a même piqué dans la main d’Hervé un biscuit qui ne lui était pas destiné. Un autre a bien du mal à attraper à travers le pare-brise une banane posée sur le tableau de bord. C’est amusant ! Nous faisons ensuite une petite promenade à la recherche de la source d’eau chaude. Nous avons été déçus, car depuis le mois d’octobre, date de notre dernier passage, une grosse coupe a été faite dans les bois. C’est triste de voir tomber de tels pans de forêts et de constater que l’habitat de nombreux animaux se réduit comme peau de chagrin. Espérons que les autorités locales savent ce qu’elles font.

Mercredi, nous mettons le cap sur Yrga-Alem. Nous faisons un stop au marché aux poissons à Awassa. Le spectacle des pêcheurs mêlé à celui des oiseaux est toujours spectaculaire. Vers midi, nous retrouvons avec bonheur l’Aregash lodge, cet hôtel aux toukouls et à l’accueil toujours impeccables. Nous passons un après-midi tranquille. Les enfants ne font pas de poussière, mais s’en donnent à cœur joie avec les bâtons. Le soir venu, nous profitons du traditionnel café accompagné de pop corn et de la compote de bienvenue. Comme d’habitude, les vautours arrivent et rapidement une hyène les rejoint. Et puis, catastrophe. ! Inès, en voulant descendre de sa chaise fait rouler la gourde de Léo en direction de la hyène. Cette dernière, sans crainte, se saisit de l’objet et l’emporte dans la forêt. Ce ne sera qu’au petit matin que nous retrouverons la gourde complètement percée par les crocs de la bestiole mouchetée.

Le soir venu, pour une fois dans un hôtel éthiopien, notre table est prête avec le nombre exact de couverts et verres. Le buffet est toujours aussi sympathique. Toute la fine équipe en profite pour varier son régime et éviter de peu l’indigestion de pâtes. Chacun fait une razzia de tomates, de salade et d’avocats du jardin. Il n’empêche, tout le monde craque pour les lasagnes…

Jeudi matin, nous prenons tout notre temps avant de partir pour notre nouvelle étape. Nous faisons une petite promenade avec les enfants dans le « jardin ». Nous profitons du spectacle des singes (grivet ou vervet) qui jouent dans les arbres. Nous avons même droit à un festival de Turacos, bel oiseau difficile à observer en d’autres lieux. Sur le retour, en remontant par le jardin de l’hôtel, nous avons été attaqués par des singes colobes. Perchés dans un avocatier, ils nous ont abondamment bombardés avec les restes de leur repas.

C’est vers 16h que nous avons rejoint notre dernière étape : le lodge Bishangari, au bord du lac Langano. Le lieu garde intacte sa magie due à son emplacement exceptionnel au cœur de la nature. Pour notre troisième séjour, nous avons eu deux belles surprises. Nous avons pu observer deux antilopes (les dernières qui n’ont pas servi de repas aux léopards qui fréquentent la montagne voisine) et une famille de phacochères. Ces derniers viennent se ravitailler juste sous le grand figuier dans lequel est installé le bar. Devinez quelle fut l’activité des enfants ? Courir dans la poussière, sans oublier le nouveau jeu du jour : jeter des pierres. Mais attention, elles sont d’un genre bien particulier : elles flottent. Franck a même fait une petite récolte pour rapporter en France et faire la distribution dans la classe de Raphaël.

Nous avons croisé et échangé avec l’ancien manager de l’établissement de passage dans l’hôtel. Il nous a donné quelques tuyaux et des pistes à suivre pour une prochaine visite. La recherche du galago sera au programme…

Samedi, nous sommes rentrés tranquillement sur Addis-Abeba.

En arrivant à la maison, nous avons eu la chance de tomber sur une panne de courant, retardant la séance de machine à laver et surtout la mise en température de l’eau pour la douche des grands et le bain des enfants. La couleur du bain des enfants est à la hauteur des heures passées à jouer dans la poussière ! Ils ont retrouvé avec bonheur leurs jouets.
Le retour sur Addis s’accompagne avec celui des petites galères quotidiennes… Notre voiture n’est pas dans le jardin et pour cause ! Elle a passé la semaine au garage pour régler le problème de la fuite d’eau. Visiblement, la solution n’est pas trouvée et on est reparti pour une semaine contraignante du fait des difficultés de transport qui s’annoncent.
Faute de véhicule pour faire un petit tour, la famille a passé le dimanche au calme à la maison. Les enfants ont largement profité du jardin et des playmobils. Ce jeu est vraiment indémodable.

Lundi, les enfants et Hervé reprennent le chemin de l’école. Franck et Raphaël ont assisté à l’entraînement de foot de Léo. Vers 20h, c’était l’heure des “au revoir” à l’aéroport. Voilà une belle dizaine de jours qui s’achèvent avec des enfants qui ont pleinement profité des vacances.

@ suivre…